NDLR : article en cours d’écriture
« J’essaie de défendre des repères. C’est pas pour défendre ce qui est ancien. Mais c’est pour défendre ce en quoi je crois. […] J’ai pas l’habitude de dire « Je suis Kanak ». Moi ce que j’ai l’habitude de dire, c’est « Je vais vers l’identité kanak ». Pour dire quoi, pour encore me rapprocher des personnes que j’ai en face de moi et que j’ai à convaincre. Pour dire que je cherche pas ce qui nous sépare, mais je vais aller chercher le truc. Le moment où ça va être vrai. »1
Jean-Philippe Thy TJIBAOU
« Le retour à la tradition, c’est un mythe ; je m’efforce de le dire et de le répéter. C’est un mythe. Aucun peuple ne l’a jamais vécu. La recherche d’identité, le modèle, pour moi il est devant soi, jamais en arrière. C’est une reformulation permanente. Et je dirai que notre lutte actuelle, c’est de pouvoir mettre le plus possible d’éléments appartenant à notre passé, à notre culture dans la construction du modèle d’homme et de société que nous voulons pour l’édification de la cité. Certains ont peut-être d’autres analyses, mais c’est là ma façon personnelle de voir. Notre identité, elle est devant nous. »2
Jean-Marie TJIBAOU
1. Source : « Boutures de paroles »
2. Entretien avec Les Temps modernes, n°464, mars 1985.
- La définition de Pierre DECLERCQ (1979)
- La main tendue à Nainville-les-Roches (1983)
- L’école inadaptée
- Intervention à l’ONU de Simon NAAOUTCHOUE,Co-fondateur des CEMÉA Pwârâ WâroLe 17 mars 1987 à New York
- Extrait d’interview de Jean-Marie TJIBAOU sur l’écoleLe 24 octobre 1988 à Paris
- L’école à l’heure du « Projet éducatif de la Nouvelle-Calédonie » : une école décolonisée ?Entretien avec l’Union des Groupements de Parents d’Elèves (UGPE) dans la revue Mouvements (2017)
- Vers l’identité kanak
- Mélanésia 2000
- Le foncier comme élément d’identitéExtrait d’interview de Fote TROLUE dans le Mwà Véé N°1 (1993)
- « Tu ne peux pas séparer l’artistique de son côté social »Extrait d’itw de Jacques Kiki KARÉ, le 8 février 1995, dans le Mwà Véé N°8 (1995)
- « La jeunesse est là » Article de Florenda NIRIKANI dans la revue Mouvements (2017)
La définition de Pierre DECLERCQ (1979)
« Le terme kanak ne désigne pas
une ethnie ni une race.
L’objectif d’une société kanak
signifie la construction d’un
peuple multiracial, solidaire et
fraternel.
Cela ne veut pas dire que la future
société sera entièrement
mélanésienne.
Le droit à la différence sera
respecté mais nous ferons en sorte
que cela n’entraîne pas de rapport
de domination d’une ethnie sur
l’autre. »
Pierre DECLERCQ,
le 22 juin 1979 dans Les Nouvelles Calédoniennes.
Né le 30 mai 1938 à Halluin en France, Pierre DECLERCQ est assassiné le 19 septembre 1981 à Robinson, Mont-Dore. Animateur et instituteur de métier, il est un grand militant de la cause kanak.
Son assassinat demeure à ce jour non élucidé, les archives de l’enquête étant classifiées jusqu’en janvier 2100.
- Lire les Cahiers Pierre Declercq N°1, Comité Pierre Declercq, septembre 1982.
La main tendue à Nainville-les-Roches (1983)
La Déclaration de la table de ronde de Nainville-les-Roches le 12 juillet 1983 pose les premières pierres des accords de Matignon-Oudinot (1988) et Nouméa (1998), en ce qu’elle reconnaît :
- Le « droit inné et actif à l’indépendance » du peuple kanak ;
- Le partage de ce droit du peuple kanak avec les communautés historiques, les « victimes de l’histoire » (ouverture du corps électoral).
Signée par le Front Indépendantiste (futur FLNKS), la FNSC (Fédération pour une Nouvelle Société Calédonienne) et l’État, la Déclaration est en revanche rejetée par le RPCR (Rassemblement Pour la Calédonie dans la République).
unique quotidien sur l’archipel, le 12 juillet 1983.
L’école inadaptée
Intervention à l’ONU de Simon NAAOUTCHOUE,
Co-fondateur des CEMÉA Pwârâ Wâro
Le 17 mars 1987 à New York
Source : Bwenando N°78-79, édition spéciale, avril 1987.
Monsieur le Président,
Je voudrais, au nom de mon peuple, vous saluer et saluer le Comité des Vingt-Quatre en cette occasion qui est donnée au FLNKS de prendre la parole officiellement ici. Mon exposé a pour objet de situer concrètement la politique d’acculturation de la France coloniale en Kanaky.
La prise de possession de la terre Kanak par la puissance coloniale qu’est la France, est aussi la prise de possession de notre culture, de notre patrimoine culturel, de notre souveraineté et de notre dignité d’Homme. Sous couvert d’une mission de civilisation et de pacification, la France s’est appropriée l’âme de notre peuple, ce qui fait l’essence même de la vie d’un peuple….
Extrait d’interview de Jean-Marie TJIBAOU sur l’école
Le 24 octobre 1988 à Paris
Question : Qu’en est-il de la langue et de la culture kanak dans les accords de Matignon ?
Il est prévu une agence pour les écoles populaires, on essaie que les animateurs soient plus nombreux et mieux formés : l’histoire, la culture, la langue pour travailler sur la tradition. Par contre, pour les maths, le français… l’école traditionnelle le fait déjà. Pour les spécificités kanak, il faut prendre sur le tiers-temps pédagogique, le week-end.
Question : Apprend-on encore aux petits Kanak « nos ancêtres les Gaulois » ?
L’enseignement est encore franco-centré, même si on n’apprend plus aux petits Kanak que leurs ancêtres s’appelaient les Gaulois. Les accords prévoient au moins que les livres d’histoire soient refaits. C’est l’ensemble des textes qui est à revoir, y compris les dictées (on y lit par exemple que « les trains entrent dans les gares »…). Il faut une production d’outils pédagogiques et un recensement de textes littéraires. Notre culture reste essentiellement transmise par oral.
Question : La coutume, c’est votre histoire et votre géographie. Il y a peu d’écrit.
Il y a beaucoup de livres d’ethnologie sur les Kanak. Il y a plus de textes pour préparer une licence que pour la maternelle. Il faut créer des outils pédagogiques à partir de ça, utilisables par les enfants.
Question : Qu’allez-vous faire pendant 10 ans ?
Si on regarde le secteur de la pédagogie par exemple, il y a un premier niveau : la préparation des outils pédagogiques. On a prévu de faire le point en 1992 et 1997. Il y a une commission de suivi avec des gens de la province, l’administration locale et les signataires des accords. Il faut ensuite définir quand on commence l’enseignement, comment se fait la formation des enseignants, les examens, l’utilisation dans les postes proposés des formations créées. Sur tous les autres secteurs de la vie économique et sociale, il faudra faire pareil. Les programmes annuels, les financements prévus ou à prévoir, qui paie, etc. Le gouvernement actuel est décidé, pour ce qui est de sa compétence, à faire voter le budget. En 1989, on doit signer avec les provinces les contrats de plan. Il faut donc dès maintenant lancer les études préalables. Pour les infrastructures (électricité, routes…), ça progresse, mais pour la formation, l’éducation, les filières, tout est à faire.
Pour lire l’interview intégrale dans Vert-Contact N°83, cliquer ici.
L’école à l’heure du « Projet éducatif de la Nouvelle-Calédonie » : une école décolonisée ?
Entretien avec l’Union des Groupements de Parents d’Elèves (UGPE) dans la revue Mouvements (2017)
Par Marie SALAÜN et Rémi DUCLOS, in « Kanaky Nouvelle-Calédonie : situations décoloniales », revue Mouvements, N°91, 2017.
Pouvez-vous nous expliquer ce qui a poussé des associations de parents d’élèves à s’organiser en collectif au lendemain des « événements » qui ont frappé la Nouvelle-Calédonie dans les années 1980 ?
UGPE : L’Union des Groupements de Parents d’Elèves de Nouvelle-Calédonie (UGPE) a été fondée en 1989, au lendemain des « événements », avec un objectif : lutter contre l’échec scolaire qui touchait plus particulièrement les élèves kanak et océanien·nes en Nouvelle-Calédonie. Au démarrage il s’agissait de fédérer des petites associations de mamans qui aidaient aux devoirs dans les quartiers populaires et dans les squats. Le projet est devenu politique. La création de l’UGPE trouve sa source dans la revendication kanak de son identité et de son émancipation en particulier, et en général dans l’histoire coloniale de la Nouvelle-Calédonie. Depuis l’accord de Nouméa (1998), l’UGPE milite pour une transformation en profondeur du système éducatif qui permette le rééquilibrage des parcours de réussite au profit des Kanak en mettant un terme à l’assimilation et en privilégiant l’émancipation (Accord de Nouméa). Il faut que nos jeunes puissent accéder à des postes à responsabilités, faire en sorte que cet Accord soit respecté à la lettre. Le système éducatif ne sait pas prendre en compte notre culture pour faire réussir nos enfants à l’école, école dans laquelle nous ne nous reconnaissons pas.
À lire également :
« Ignored histories : The politics of history education and Indigenous-settler relations in Australia and Kanaky/New Caledonia », Angélique STASTNY, University of Hawai‘i Press, 2022.
Politiques publiques éducatives et inégalités en Nouvelle-Calédonie, Amélie CHUNG, thèse de doctorat en sciences économiques, 2021.
La Nouvelle-Calédonie et l’imagination intellectuelle : Repenser et reformuler les disciplines, savoirs et pratiques. Sous la direction de Hamid MOKADDEM, Scott ROBERTSON et Ingrid SYKES, L’Harmattan, 2018.
« En quoi serait-il pertinent de repenser la façon de dire « école » en langues kanak ? », Eddy Wayuone WADRAWANE, UNC, 2018.
De la conceptualisation implicite du nombre et des figures géométriques dans la culture drehu à leur conceptualisation explicite dans les mathématiques à l’école : étude exploratoire des interactions suscitées par les deux conceptualisations et de leurs effets à partir d’approches pédagogique, didactique et ethnomathématique, Richard WAMINYA, thèse de doctorat en sciences de l’éducation, 2011.
« Famille kanak entre mutation subie et changement réfléchi », Jone PASSA, Mwà Véé, N°66-67, 2009.
« Emplacement et déplacement des écoles en milieu Kanak : Un analyseur anthropologique de la place faite aux institutions de diffusion du savoir occidental dans une situation coloniale », Eddy Wayuone WADRAWANE, Les sciences de l’éducation – Pour l’Ère nouvelle, 2008.
« Réflexion sur la responsabilité éducative, celle des parents, celle des enseignants… », interview de Jone PASSA, Mwà Véé, N°49, 2005.
L’école inégale : Éléments pour une sociologie de l’école en Nouvelle-Calédonie. Jean-Marie KOHLER, Loïc J.D. WACQUANT, ORSTOM, 1985.
« La question scolaire en Nouvelle-Calédonie : idéologies et sociologie », Jean-Marie KOHLER, Loïc J.D. WACQUANT, Les Temps Modernes, N°464, juillet 1984.
L’avenir et le destin : Regards sur l’école occidentale dans la société kanak (Nouvelle-Calédonie). Marie-Joëlle DARDELIN, ORSTOM, 1984.
Adapter l’école ou réorienter le projet social : Le problème d’un enseignement spécifique pour les Mélanésiens, Jean-Marie KOHLER, Patrick PILLON, ORSTOM, 1982.
Vers l’identité kanak
L’article premier de l’accord de Nouméa (1998) stipule que « l’organisation politique et sociale de la Nouvelle-Calédonie doit mieux prendre en compte l’identité kanak ».
Il met pour cela en place plusieurs mesures dont :
- Le Sénat coutumier : Anciennement « Conseil consultatif coutumier » lui même-créé par les accords de Matignon-Oudinot (1988), le Sénat coutumier est « obligatoirement consulté sur les sujets intéressant l’identité kanak » (art. 1.2.5). Son pouvoir n’est cependant que consultatif.
- Cinq signes identitaires : « Nom, drapeau, hymne, devise, graphismes des billets de banque devront être recherchés en commun pour exprimer l’identité kanak et le futur partagé entre tous » (art. 1.5).
« Plus on intègre le monde matériel, plus on utilise des outils qui ne nourrissent pas le consensus. Autrefois, on avait besoin les uns des autres pour survivre. On ne pouvait pas être en conflit avec son voisin. Aujourd’hui, on peut se débrouiller tout seul. On se recentre sur ses propres intérêts, sur les enjeux de pouvoir et de domination. »
Georges MANDAOUÉ, président du Sénat coutumier de 2001 à 2002, sénateur Ajië-Arhö de 1999 à 2009
Source : article de presse « Les divisions du Sénat coutumier « reflètent celles de la société kanak » », Gilles CAPRAIS, Demain en Nouvelle-Calédonie (DNC), N°812, semaine du 3 au 9 février 2023.
Quant aux signes identitaires, ils ne font toujours pas consensus non plus.
Mélanésia 2000
Marqueur temporel incontournable du processus de résurgence kanak, le festival Mélanésia 2000 eut lieu du 3 au 7 septembre 1975 à Nouméa, sur l’actuel site du Centre Culturel Tjibaou.
« La motivation profonde de ce festival est la foi en la possibilité d’instaurer un dialogue plus profond et plus suivi entre la culture européenne et la culture autochtone.
Jean-Marie TJIBAOU, « Pourquoi le festival », 1974.
En effet, la coloration et la saveur du « Caillou » ne peuvent être données que par l’acceptation et une certaine assimilation de la culture originelle du pays. Et je me permets de faire le rêve qu’en l’an 2000, le profil culturel du Calédonien comportera aussi bien des éléments de la culture européenne que de la culture mélanésienne. Mais pour que cette symbiose se réalise, un préalable est nécessaire, c’est la reconnaissance (re-naître avec) réciproque des deux cultures dans ce qu’elles ont de spécifique. Sans cette base, nous continuerons dos à dos notre dialogue de sourds. »
À l’époque, cette initiative de Jean-Marie TJIBAOU est vivement critiquée par les jeunes du Groupe 1878 et des Foulards Rouges — qui fusionneront par la suite pour créer le Parti de libération kanak (Palika) —, le qualifiant d’« immense folklore », « prostitution »1 , « sabotage de la culture kanake […] au moment où le mot INDÉPENDANCE est en train de faire son chemin dans la masse »2. Une génération plus tard, leur vision de Mélanésia 2000 a changé (cf Trépied, Mwà Véé, etc)
Source image : Gabriel MONTEAPO, https://sismo.inha.fr/s/en/journal/257105
Pour lire les trois tableaux du jeu scénique « Kanaké » de Mélanésia 2000, « Le Boenando », « La conquête » et « Le partage des ignames », dans le Mwà Véé N°10 (septembre 1995), cliquer ici.
Mwà Véé était la revue de l’Agence de développement de la culture kanak (ADCK), elle n’existe plus depuis 2016. Voici ce qu’on pouvait lire dans le sommaire :
« Mwà Véé est issu de la langue Drubéa. Il essaie de traduire l’idée de journal : un support ou contenant de paroles, de mots, d’idées. D’une langue à l’autre, la traduction du concept « journal » n’est jamais identique, chaque langue découpe à sa façon la réalité.
En pije, le concept renvoie à la notion de « maison de paroles » : Ngen Falik.
En paicî, on dira plutôt Popaï : « vrai discours » ou « discours sacré ».
Dans les langues des Îles Loyauté, le terme peut se définir comme « panier, enveloppe de discoursé : Cenge Eberedro (Nengoné) ou encore « fragments de paroles » ou « morceau de paroles » : Ut Ho Fuue (Iaai). »
Pour lire l’histoire de Téâ Kanaké, cliquer ici.
Pour écouter un extrait de « Téâ Kanaké, l’homme aux cinq vies », écrit par Denis POURAWA et Éric MOUCHONNIÈRE, en langue des signes française (LSF), cliquer ici.
Le foncier comme élément d’identité
Extrait d’interview de Fote TROLUE dans le Mwà Véé N°1 (1993)
Le Kanak qui est dans Nouméa, il n’a pas besoin d’aller faire un champ d’ignames pour pouvoir être Kanak. Parce que, même s’il ne fait pas un champ d’ignames sur les collines de Montravel, il se sent Kanak quand même ! Je crois que, là aussi, il faut faire très attention : il y a des fois des tas de confusions dans nos têtes ; en même temps qu’on vit les réalités de notre société, on nous fait assimiler pas mal d’autres valeurs qui ne proviennent pas de notre société mais d’une interprétation de notre société par d’autres personnes, et qu’on a fini par s’accaparer comme étant les nôtres. Et cela nous meurtrit aussi. Par exemple, les danse traditionnelles : on nous dit « attention pour vraiment vivre ton intégrité Kanak, il faut que tu danses pieds nus » ou des trucs comme ça. Moi, je dis qu’un Kanak peut danser avec des tennis et vivre quand même son intégrité coutumière, même en 1993.
Question de Mwà Véé : Peut-on parler de rapport à la terre comme on vient de parler de rapport à l’igname ? La terre, comme l’igname, était en même temps symbole de la culture et alimentation, culture au sens agricole. Dans la mesure où un certain nombre de Kanak ont des emplois salariés à la ville, n’ont plus ce rapport agricole à la terre…
Justement, la réflexion sur le foncier va changer dans sa façon d’être posée, avec les nouvelles générations qui n’ont plus de relations directes avec la terre, ces gens qui vont être de plus en plus habitués à Nouméa, à d’autres valeurs, et à ne plus regarder la terre uniquement comme le domaine des ancêtres mais aussi comme queque chose dont on peut tirer profit. C’est pour cela qu’il faut vite lancer le débat du foncier, pour éviter que les terres soient bradées demain. Les gens pensent quand même la terre comme un élément de leur identité, et cela rend difficile d’appréhender la terre comme marchandise ; toute la difficulté est là. D’autant plus que de plus en plus de Kanak, notamment des jeunes, s’éloignent du foncier, et du foncier en tant qu’élément d’identité. Il faut vite définir une nouvelle structure foncière, qui permette aux Kanak de vivre ce qui a changé en eux.
En somme il y a une distinction qui se fait entre l’aspect « terre » et l’aspect « foncier », entre une valeur culturelle et une valeur économique ?
Voilà. On pourrait concilier les deux, c’est possible. C’est d’abord un problème d’information et d’éducation, parce qu’on est conditionné. La terre, même si c’est d’abord le domaine des ancêtres, était déjà l’assise de l’existence ou de la subsistance des clans, par le biais des cultures qui se font dessus. Demain, même si elle change de dimension par rapport aux exigences d’une modernité, la terre peut justement continuer à être l’assise de la subsistance d’un clan. Il y a possibilité de conciliation. Ce qui est difficile à vaincre, ce sont les contradictions nées d’une rencontre entre deux sociétés données à une époque donnée, ce qui a semé les graines de division dans la tête des gens. Il fallait penser à la fois traditionnel et moderne, païen et chrétien… Ce n’était pas évident, et à vouloir concilier, on avait parfois l’impression de trahir nos propres valeurs culturelles. C’est pourquoi il faut un débat public, qui permette à tout le monde de participer à cette discussion, de pouvoir maîtriser ces contradictions, de ne pas avoir honte (« tiens, je ne suis pas le seul à penser comme ça, l’autre aussi »). On peut concilier. On n’évolue que par contradictions, malheureusement ou heureusement…
Pour lire l’interview intégrale, cliquer ici.
« Tu ne peux pas séparer l’artistique de son côté social »
Extrait d’itw de Jacques Kiki KARÉ, le 8 février 1995, dans le Mwà Véé N°8 (1995)
Photo : page FB « Hommage à Kiki Karé, Un grand homme »
Notre problématique, c’est qu’avec le contexte politique, avec un pays qui a pour ambition de préparer son avenir, ça bouge… La problématique artistique kanak vient du fait que le peuple kanak est un peuple colonisé ; il faut retrouver un certain nombre de points de repère. On doit se chercher, notamment à travers l’artistique, mettre en scène les danses traditionnelles que l’on n’a pas pu danser depuis 30, 50 ou 100 ans. C’est d’abord une démarche intime, on se cherche… Il y a des mots qui organisent notre vécu : souveraineté, indépendance, et puis qui sommes-nous par rapport à hier et par rapport à demain ? Donc, c’est ça le fond et l’artistique joue là-dessus.
La problématique de l’artistique kanak, c’est un besoin intime de remettre sur pied les points de repères disparus. Tout en réfléchissant sur comment ces repères du passé se modulent pour être repérés dans une situation contemporaine qui est 1995.
C’est une démarche de recherche des Kanak et comme il y a prestation artistique en même temps, il y a un autre pas à franchir : expliquer à l’autre qui tu es, et puis l’autre, il critique, il est spectateur. On l’invite à communiquer. On ne peut pas enlever l’artistique de son contexte social particulier de ce pays. L’aspect artistique est un des moyens de lutte pour un certain nombre d’acteurs du monde artistique kanak.
« La jeunesse est là »
Article de Florenda NIRIKANI dans la revue Mouvements (2017)
Pour lire l’article intégral, cliquer ici.
Discours de la levée du drapeau
Critique de la binarité, triade coloniale, autodétermination, décolonisation incommensurable
Kanak mot invariable motion
La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (2007)
La loi organique n°99-209 du 19 mars 1999
L’accord de Nouméa du 5 mai 1998
Les accords de Matignon-Oudinot les 26 juin et 20 août 1988
La résolution 41/41 des Nations Unies du 2 décembre 1986
La Charte du Front de Libération Nationale Kanak Socialiste du 24 septembre 1984
Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (1966)
Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (1966)
La Charte des Nations Unies (1945)